"Je t'aime"

Toute la journée, je n'ai pensé qu'à une chose : il sera là ce soir. Je travaillais mais je n'avais qu'une seule envie que le temps passe très vite afin que je puisse rentrer chez moi. Je regardais ma montre à chaque instant. La matinée m'a semblé interminable. Je pensais que l'après-midi passerait plus vite mais à 14 heures, la pluie a commencé à tomber en trombes. C'était incroyable de voir la pluie tomber si fort et de façon si inattendue.

Une collègue qui écoutait la radio nous a dit qu'il y a eu un grand carambolage avec un gros embouteillage en perspective. J'ai commencé à m'inquièter et si Ben avait entendu cette info et qu'il avait décidé de renoncer à sa visite de ce soir. Je regardais mon gsm redoutant un message qui m'annoncerait une mauvaise nouvelle, un changement de programmme. J'étais hyper tendue, je voulais tellement le voir que j'aurai pu m'effondrer s'il avait annulé. Mais heureusement pour moi, je n'ai reçu aucun message. Je suis rentrée chez moi sous une pluie torrentielle, j'avais même du mal à voir la route. J'imaginais Ben venir me voir sous cette pluie, c'était vraiment une folie et une folie dangereuse.

 Arrivée chez moi, j'ai pris un bain chaud, j'ai préparé des pâtes carbonara mais je n'ai rien mangé, j'attendais Ben. 20 heures, il n'était pas là. 21 heures, toujours personne. 22 heures, j'ai commencé à me ronger les ongles, j'ai pensé au pire avec cette pluie, un accident. Vers 22 heures 30, j'ai entendu un bruit de voiture, mon coeur s'est mis à battre plus vite, plus fort. Il a sonné, j'ai ouvert la porte et là, je l'ai vu comme je ne l'avais jamais vu auparavant. Il était trempé jusqu'à l'os. Son manteau était complètement mouillé. L'eau dégoulinait sur ses cheveux et son visage. Il a souri en me voyant, dans ses yeux qui brillaient, j'ai vu un homme déterminé, passionné, prêt à soulever des montagnes pour venir me voir. J'entendais mon coeur cogner très fort dans ma poitrine, j'étais si émue de le voir là devant moi comme ça, je le trouvais si beau, si attirant. Il est entré et, je ne sais pas si cette attirance ou si c'est l'émotion de se retrouver enfin, nous nous sommes embrassés. Ce baiser était un baiser profond, long et langoureux. Il me serra très fort contre lui, j'ai senti qu'il me désirait très fort. J'ai continué à l'embrasser en l'entraînant vers la chambre et là, nous avons fait l'amour. C'était un instant de frisson et d'amour intense, l'un de ces rares moments où l'on se dit que notre vie vaut vraiment la peine d'être vécue. 

Puis, il s'est retourné vers moi et il m'a dit :

- Bonsoir toi !

- Bonsoir !

Je rigolais, et oui, c'était vrai que nous n'avions même pas échangé un mot depuis son arrivée, même pas un bonsoir. Il poursuivit :

- Tu as vu à quel point j'étais content de te voir!

- Oui, j'ai vu ça. Moi aussi, je suis très heureuse de te voir. Je t'attendais pour dîner, tu as faim?

- Oui, j'ai une faim de loup.

- Viens, on va mettre tes vêtements sur le radiateur et on va manger.

Nous avons mangé, il avait vraiment très faim, heureusement que j'en avais fait beaucoup. Il m' a dit qu'il était sortit de son travail à 16 heures et qu'il était venu directement. Il avait eu beaucoup de bouchons à cause de la pluie mais qu'il ne regrettait pas du tout d'être venu.

Après le repas, on s'est installé dans le canapé. Il a commencé à me parler du Japon. Je ne voulais pas en entendre parler, je préfèrais l'idée de le savoir là près de moi tous les jours et pour toujours. Bien sûr, je gardais tout ça pour moi et je faisais mine de l'écouter. Quand il eut fini de tout m'expliquer, il commença à me toucher en disant :

- Je voudrais prendre ta peau et l'emmener avec moi pour pouvoir te caresser là-bas et tes lèvres pour t'embrasser à chaque fois que j'en aurai envie...

Il m'a embrassé et j'ai senti une fois de plus son désir grandissant conquérir ma peau, mon corps, l'envie était forte. Je me suis donnée une deuxième fois à lui. Je l'aimais si fort, tellement fort que c'est sorti, je lui ai dit : "Je t'aime." Il a arrêté de m'embrasser et il m'a regardé dans les yeux et là, il m'a répondu : "Si tu savais à quel point je suis heureux de l'entendre dire. Je t'aime, je t'aime, je t'aime moi aussi, je t'aime comme un fou." Pour la première fois de ma vie, je ressentais ce "Je t'aime", je le ressentais dans ses mots, dans sa voix, dans ses gestes... Tout son être me disait "Je t'aime".

J'allais avoir 40 ans dans moins de deux ans et c'était la première fois de ma vie que je vivais une histoire d'amour comme celle-là. C'était incroyable, impensable. Je n'ai pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. J'ai réfléchi à notre histoire, à son voyage au Japon, à notre avenir. A 5 heures du mat, quand mon réveil s'est mis à sonner, je suis allée préparer deux cafés. Il dormait encore. A 5 heures 30, je suis allée le réveiller. Nous avons pris le café ensemble, puis il est allé se préparer. Il était encore beaucoup fatigué, il m'a dit qu'il dormirait une fois dans l'avion. A 6 heures 30, il m'a embrassé tendrement en me serrant la main très fort. Il m'a dit qu'il m'appelerai dès qu'il serait là-bas et il m'a dit "Je t'aime" une dernière fois et il est parti. Le japon, l'avenir, maintenant, plus rien ne me faisait peur, je savais qu'il m'aimait et je l'aimais moi aussi de tout mon coeur.