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Mon histoire, Julia, 38 ans, secrétaire
20 décembre 2013

L'autre problème

En me réveillant, j'ai vraiment regretté d'avoir bu autant de champagne, j'avais un de ces mal de crâne. J'ai pris deux cachets d'aspirine et je suis allée bosser. Je me suis sentie mal et fatiguée toute la journée. J'essayais tant bien que mal à faire mon boulot. Mon patron était encore sous l'effet de ma réunion d'hier, il était tout sourire à chaque fois qu'il passait devant mon bureau. J'ai mis plusieurs dossiers sur mon bureau pour donner l'illusion que j'avais une tonne de travail. Et ça a bien fonctionné. Des collègues sont venues dans mon bureau pour me féliciter pour ma réunion d'hier. Elles avaient entendu des bruits comme quoi j'allais avoir une promotion. J'étais heureuse de l'entendre mais je restais prudente, ce n'était peut-être qu'une fausse rumeur. Elles ne sont pas restées longtemps car elles aussi croyaient que j'avais beaucoup de travail.

Je voulais dormir, j'étais très fatiguée. A midi, je suis allée dans ma voiture et je me suis assoupie. Je regardais mon gsm et je redoutais un autre texto de Ben. A 13 heures, alors je regagnais mon bureau, j'ai entendu le bip tant redouté. J'ai regardé, c'était bien Ben. Son texto disait : "Je te retrouve au tel ce soir, problème résolu mais la solution entraîne un autre problème, je te dirai ça ce soir. Gros bisous."

Son texto m'a soulagé même si "l'autre problème" m'intriguait un peu. Je ne sais pas si c'était ma petite sieste ou le texto de Ben ou peut-être les deux mais cet après-midi là, j'étais en bien meilleure forme. J'émergeais enfin. J'ai enlevé les dossiers factices sur mon bureau et j'ai commencé à rédiger le compte-rendu de ma réunion d'hier.

L'après-midi fut vite passée. Le soir, je me suis préparée bien vite, j'ai dîné et j'ai attendu l'appel de Ben. A 22 heures précise, le téléphone s'est mis à sonner.

- Bonsoir, m'a-t-il dit.

Rien que d'entendre à nouveau le son de sa voix, ça m'a mis le coeur en joie. Cela me faisait l'effet d'un rayon de soleil dans un ciel d'hiver.

- Bonsoir, lui ai-je dit, tu ne sais pas à quel point, je suis contente d'entendre ta voix, ça m'a paru long ces deux jours.

- Pour moi aussi. Hier soir, j'ai mis les bouchées doubles pour que ça s'arrange. On a fini par les convaincre mais il y a eu une condition. Comme je te l'ai dit sur le texto, la solution trouvée est un autre problème...un autre problème pour nous.

- Ne fais pas durer plus longtemps le suspense, c'est quoi ce problème ?

- Je pars pour le Japon vendredi.

- Quoi ?...

J'étais surprise, choquée, perturbée, je ne pouvais plus dire un mot. Il reprit la conversation.

- Nos partenaires veulent négocier un nouvel accord. Je dois donc y aller.

- Il n'y a personne d'autre qui peut aller à ta place ?

- Non, je travaille avec eux depuis des années.

- Et tu y restes combien de temps ?

- Cinq jours minimum mais tout dépendra de l'avancée des négociations.

C'était son boulot, je ne pouvais rien y faire. Je pensais juste qu'il allait me manquer. Je lui ai dit :

- Comme tu l'as dit, cette solution est un problème car tu vas beaucoup me manquer, tu m'appeleras quand tu seras là-bas ?

- Oui, mais je ne suis pas encore parti.

Mais pour moi, c'était tout comme. Il essayait de changer de sujet me demandant comment s'était passée ma journée. Je lui ai dit que ce fut une bonne journée. Je ne lui ai pas parlé de ma réunion, de mon succès, des félicitations de son père et des bruits sur une éventuelle promotion, tout ça n'avait plus d'importance, seul son départ imminent occupait mon esprit.

Il a dû comprendre car il a fini par me dire :

- Ne t'inquiète pas pour mon voyage au Japon, ça passera vite et ce sera comme quand je suis à Paris. Je t'appelerai tous les jours et je vais tout faire pour avoir rapidement un accord.

- Tu es gentil de me rassurer. Je sais que ce n'est qu'un petit voyage mais ça me fait quelque chose de penser que tu seras si loin de moi.

Il y eut un silence, puis il m'a dit :

- J'aimerai beaucoup t'embrasser en ce moment et te serrer très fort dans mes bras.

L'entendre me dire ces mots m'a fait un bien fou..., j'ai souri et je lui ai répondu :

- Moi aussi j'aimerai beaucoup être dans tes bras.

Nous n'avons plus rien dit pendant quelques secondes, comme si nous nous embrassions en pensée. Puis, je ne sais pas ce qu'il lui ait passé par la tête, il a dit :

- Demain soir, je viendrai te voir.

- Tu es fou! Tu ne peux pas.

- Je ferai comme dimanche dernier et je reprendrai la route tôt vendredi matin.

- Mais tu seras crevé !

- Je ne travaille pas vendredi car je dois me préparer pour embarquer à 16 heures.

- Je trouve quand même que c'est une folie.

- Je sais, c'en est une mais je suis fou, tu le sais maintenant et je serai là demain soir.

C'est sur cette promesse que nous nous sommes quittés.

Bien que je le traitais de fou, j'étais heureuse qu'il le soit, j'aimais sa folie et j'étais sûrement aussi folle que lui car je le voulais plus que tout le revoir, le sentir, l'embrasser au moins une fois avant son départ.

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