Besoin de lui

Le réveil fut difficile pour moi lundi matin, mon week-end fut tellement exceptionnel que j'avais du mal à m'en remettre. En me réveillant chez moi, j'avais l'impression que je sortais d'un rêve et que je retrouvais ma réalité si commune et si banale. Mais je n'avais pas vraiment le temps de me pencher sur tout ça, je devais remettre mes idées en place et vite. Avec ce week-end, j'avais oublié complètement la campagne publicitaire et le travail en général. Nous étions lundi et il y avait beaucoup de travail qui m'attendait, je devais me montrer à la hauteur. Quelques étirements et un peu de sophro et voilà, plus rien ne pouvait m'arrêter.

Je suis entrée dans mon bureau et là, j'avais oublié mon week-end, j'avais oublié Ben, rien que mon dossier comptait pour moi. J'étais très concentrée, trop peut-être. Je n'ai même pas entendu le bip message de mon gsm. Ce n'est qu'en rentrant chez moi le soir que j'ai lu un texto que Ben m'avait envoyé plus tôt dans la journée. Il m'informait qu'il ne pourrait pas m'appeler ce soir car il serait en visioconférence avec des fournisseurs étrangers et qu'il ne savait pas du tout combien de temps ça pourrait durer. Il proposait de m'appeler à midi si j'étais disponible. Et bien sûr comme je n'ai pas répondu, il a dû penser que j'étais occupé. Je me suis sentie un peu nulle sur ce coup-là et je m'en voulais car je l'avais entendu ce bip mais je l'ai ignoré. Plus rien ne comptait pour moi à part ce dossier, j'en devenais perfectionniste...

Mardi matin, j'organisais ma première grande réunion avec le directeur, une partie des cadres, le graphiste et l'agence de com. Je voulais que tout soit parfait et tout s'est très bien passé. Je maîtrisais le sujet et j'avais pensé à tout. C'était l'une de mes plus belles réussites au boulot. Tout le monde était ok pour suivre notre idée. L'agence de com a repris le dossier, j'avais encore à suivre et à veiller au bon déroulement du planning mais le plus gros était fait. A la fin de la réunion, mon patron m'a félicité :

- C'est ce que j'appelle du beau travail. C'est parfait ! Maintenant je sais sur qui je peux compter pour ce genre de dossiers.

- Merci. Je pense que ce sera une très bonne campagne.

- Et peut-être la meilleure et ce sera grâce à vous.

Puis, il est parti. Je me suis retenue pour ne pas sauter au plafond. J'étais folle de joie, j'avais envie de crier, de fêter ça. Je me disais que ce soir, je pourrais crier ma joie au téléphone avec Ben mais c'était sans compter un nouvel sms que j'ai reçu à midi. Cette fois-ci quand j'ai entendu le bip, je me suis ruée sur le téléphone. Ben me disait en quelques mots que ce soir, ce sera idem, gros problème à résoudre avec l'étranger, deuxième visioconférence organisée.

J'étais vraiment déçue. Je lui ai répondu : "J'espère que tu pourras résoudre ce problème ce soir pour que mercredi nous puissions de nouveau passer notre soirée au téléphone. Tu me manques."

Je n'ai pas eu de réponse. Le soir, je suis rentrée chez moi. Je devais normalement avoir le coeur à la fête mais ce n'était pas le cas. Je me suis sentie si seule... J'ai pris une bouteille de champagne, j'en ai bu plus de la moitié et je suis tombée KO. Ce soir-là, j'avais compris que même mes plus beaux succès professionnels ne valaient rien si Ben n'était pas avec moi. J'avais besoin de lui pour être pleinement heureuse. C'était comme ça maintenant et je ne pouvais plus rien y faire