Mon choix est fait
Benjamin et moi, nous étions vraiment impatients de nous retrouver, mais plus on avançait dans la semaine, plus les jours paraissaient longs et interminables. Jeudi, j'ai fini très tard. Le soir, quand j'ai eu Ben au téléphone, il n'était pas très content que son père me fasse travailler autant, il disait que c'était de l'abus. Il m'a incitée à récupérer toutes les heures faîtes en plus. Il savait pertinemment que son père ne me paierait pas ces heures. Alors suivant son conseil, vendredi matin, j'ai demandé à récupérer les heures en prenant mon après-midi. Le chef était surpris par ma demande mais il a accepté, il n'avait pas vraiment le choix.
J'ai travaillé mais j'avais hâte d'être à midi. J'ai terminé les tâches les plus importantes et à midi pile, je suis partie. Avant de rentrer chez moi, je suis allée au centre commercial. J'ai acheté tous les ingrédients pour une bonne pizza maison, je sentais que nous allions bien amuser à la faire ensemble et bien nous régaler après. Puis, je suis rentrée chez moi me préparer et préparer la maison pour l'arrivée de Ben. J'ai fait le ménage et j'ai mis une nouvelle nappe sur la table et de nouveaux coussins dans le canapé. Il commençait à faire froid, j'ai enfilé une petite robe avec un gros pull par dessus et j'ai attendu Ben.
Vers 17 heures 30, il est arrivé. J'ai entendu le vrombissement de sa voiture de loin. Je suis allée l'accueillir au portail, grand sourire sur les lèvres. Quand il m'a vue, il a souri mais il ne semblait pas au meilleur de sa forme. J'ai pensé qu'il était fatigué par la route mais une fois dans la maison, il m'a embrassée et il m'a dit :
- Papa ne veut pas.
Je n'ai rien compris sur le coup, c'est d'un air tout hébété que je lui ai demandé :
- Mais de quoi tu me parles là ?
Il a posé son sac et s'est assis :
- J'ai appelé mon père pour lui demander pour toi. Je lui ai parlé de ma proposition, que tu viennes travailler avec moi à New-York. Il est tout de suite monté sur ses grands chevaux. Il m'a dit qu'il était hors de question que tu partes et qu'il avait de grands projets pour toi dans l'entreprise.
Je n'arrivais pas à en croire mes oreilles.
- Mais qu'est-ce qu'il t'a raconté ? De quel projet il parle ?
- Il m'a dit qu'il allait faire évoluer ton poste. En d'autres termes, tu vas bientôt avoir une promotion.
- Une promotion ?!!
J'étais à la fois contente et perdue. Cette promotion, je l'attendais depuis si longtemps, c'était l'aboutissement de longues années de travail et de loyaux services. J'étais heureuse qu'il ait enfin pensé à moi. Mais c'était arrivé un peu tard, ma décision était prise et peu importe cette évolution de poste, j'étais décidée à tout laisser et à partir avec Ben. Il m'a regardée et reprit :
- Mon père va te donner le statut de cadre et tu le mérites bien. Il a dit que tu étais l'un des piliers de la boîte et que c'était criminel d'essayer de te faire quitter l'entreprise. Tu te rends compte ce qu'il a utilisé le mot "criminel"... Je n'ai même plus osé lui dire quoique ce soit après ça.
J'ai regardé Ben qui avait l'air résigné et je l'ai secoué :
- Ben, ce n'est pas parce que ton père t'a dit ça, que tout est fini. Moi je veux toujours partir avec toi.
- Mais tu vas avoir ta promotion...
- Mais si tu savais combien je m'en fous de cette promotion ! Ce qui compte pour moi, c'est toi et être avec toi.
- Ce poste de cadre, tu en avais toujours rêvé.
- Je sais mais j'avais un autre rêve qui compte aujourd'hui beaucoup plus à mes yeux. Avoir une belle carrière c'est bien, mais rencontrer l'amour à mon âge, c'est une chance inespérée, alors je ne vais pas la laisser passer. Mon choix est fait et c'est toi.
Ben m'a regardée dans les yeux, il était très attentif à ce que je disais, comme si je lui disais quelque chose d'extraordinaire. Il m'a embrassée et il m'a dit "Merci". Je n'ai pas vraiment compris pourquoi.
Ensuite, nous avons changé de sujet. Je lui ai dit que j'avais acheté tout ce qu'il faut pour une grande pizza. Nous nous sommes dirigés vers la cuisine où nous avons mis la main à la pâte. J'étais son commis, ce fut vraiment amusant, j'ai adoré ce moment de grande complicité et de fous rires. Le temps que ça cuise, nous avons pris notre douche, puis nous avons mangé notre pizza devant un Hercule Poirot. La pizza était bonne mais Ben était un peu déçu, il trouvait la pâte trop épaisse. Il m'a promis qu'il en ferait une encore "plus meilleure" la fois prochaine. On a rigolé. Nous étions drôlement bien tous les deux. J'ai mis le CD qu'il m'avait offert et nous avons fait l'amour. L'oiseau avait retrouvé son nid pour mon plus grand bonheur.