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Mon histoire, Julia, 38 ans, secrétaire
31 décembre 2013

Une idée folle

Depuis que Ben était au Japon, j'ai remarqué que moi aussi j'étais ailleurs, en tout cas, j'avais la tête ailleurs. Ce lundi-là au travail, j'ai enchaîné boulettes sur boulettes. J'ai oublié de faire signer des documents, j'ai fait des erreurs de frappe, je me suis même trompé dans les adresses email. J'ai pu rattraper le coup mais ce n'est pas passé inaperçu. Mon patron m'a bien remonté les bretelle et c'était justifié, je le reconnais. A la fin de notre entrevue, il m'a demandé si je n'avais pas besoin de prendre des vacances, il supposait que je devait être fatiguée pour avoir commis toutes ces erreurs. Je ne savais pas vraiment quoi répondre. Je n'étais pas fatiguée et avoir une journée de repos sans Ben, ce n'était pas vraiment intéressant. Je lui ai donc dit que je prendrai quelques jours bientôt, peut-être au retour de Ben.

Quand l'heure de quitter le boulot est arrivée, j'avais hâte de rentrer chez moi. J'ai pris un bon bain bien relaxant et je me suis fait une bonne salade avec du saucisson et des champignons. J'ai regardé les infos, puis j'ai remis la petite vidéo de Ben. J'étais en train de le regarder courir, marcher à reculons en se filmant, ça me faisait sourire. Soudain, la sonnerie de mon téléphone a retenti. J'ai jeté un oeil sur le réveil, il était 20 heures 30. J'ai décroché et j'ai entendu une voix familière me dire :

- Bonsoir chérie.

- Ben ! Tu m'appelles tôt ce soir.

- Je ne te dérange pas, j'espère.

- Non, pas du tout.

- Je n'arrivais plus à dormir. Alors, je me suis dit pourquoi attendre.

- Tu as eu raison. Alors comment ça va à Tokyo ?

- Oh ! Si tu veux, je ne préfère pas en parler.

- Mauvaise journée ?

- Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.

- Ce sont les négociations avec les japonais que se passent mal ?

- Je ne peux même pas appeler ça des négociations, ils restent camper sur leur position et ne veulent rien lâcher. J'ai dû travailler jusqu'à tard hier soir avec les autres sur Paris pour faire une nouvelle proposition que je leur transmettrai demain. Mais je ne me fais pas d'illusion, je sens qu'ils ne vont rien signer.

- S'il ne signe pas, vous allez faire une autre proposition ?

- J'aurai bien aimé mais non, la direction m'a dit de laisser tomber la négo.

- Tu pourras rentrer plus tôt que prévu alors.

- Si seulement ça pouvait être le cas. Ce voyage, c'était un mauvais plan. En fait, la direction savait pertinement que ce fournisseur n'allait pas baisser ces prix, ils m'ont envoyé ici pour en chercher un nouveau. Si la négociation n'aboutit pas demain, je vais rester encore au Japon jusqu'à ce que j'aie trouvé un nouveau fournisseur qui veut bien nous fournir un produit d'aussi bonne qualité à un prix plus bas. Je ne te dis pas la galère qui m'attend, sans compter que je ne sais pas du tout quand est-ce que je vais pouvoir rentrer.

J'étais complètement absourdie par cette nouvelle et moi qui pensais le revoir ce week-end.

- Tu es toujours là ? m'a-t-il demandé.

- Oui, je suis là. Désolé, je ne m'attendais pas à une telle nouvelle.

Le savoir si loin de moi sans pouvoir de mettre de date à son retour, ça m'a déchiré le coeur. J'ai ressenti une douleur vive, était-ce le vide, le manque? C'était semblable à une nuit noire sans la moindre lueur d'espoir.

Il me répondit :

- Tu comprends maintenant pourquoi je n'arrivais plus à dormir.

J'étais complètement abattue.

- Maintenant, je sens que moi aussi je ne vais pas dormir.

- Je voudrais te dire que ce n'est qu'une question de jour, que je trouverai rapidement un nouveau fournisseur et que je serai vite de retour. Mais je ne peux pas, j'y suis incapable. J'ai le moral au plus bas aujourd'hui, désolé.

- Tu n'as pas à être désolé, ça arrive.

Je sentais qu'il était vraiment mal et je voulais à tout prix lui redonner le sourire. Alors, il m'est venu une idée folle. Je me suis souvenue de ce que son père m'avait proposé le matin même.

- Et si c'était moi qui venait te voir?

- Toi ? Mais ton boulot ?

- Ton père m'a gentiment demandé ce matin si je n'avais pas besoin de prendre quelques jours de vacances.

- C'est vrai ?

- Oui. Mais je ne comptais pas les prendre tout de suite, je voulais attendre ton retour mais maintenant je me demande si ce n'était pas providentiel. Je pose mes congés demain et je viens te rejoindre au Japon.

- Tu te rends compte que ce serait une pure folie. Et dis-toi que moi je ne serai pas en vacances.

- Je sais mais je m'en fous tant que je suis avec toi, c'est tout ce qui compte.

- Oui, ce serait vraiment bien si tu pouvais venir. Le matin, on prendrait notre petit déjeuner ensemble, le soir quand je rentrerai on se ferait couler un bon bain et on se ferait livrer nos dîners dans la chambre... Tu as vraiment l'art pour me faire rêver et me redonner le sourire.

- Je serai vraiment heureuse de m'en dormir près de toi et de me réveiller dans tes bras le matin. Si tu savais à quel point ça me manque.

Nous avons continué à rêver comme ça pendant quelques minutes, puis il a pris un ton plus serieux :

- Julia, je serai vraiment heureux que tu viennes mais je sais que tu as lancé cette idée sous le coup de l'émotion. Ni toi, ni moi n'avons réellement réfléchi à tout ça.  Le Japon, ce n'est pas la porte d'à côté, un tel voyage mérite préparation et réflexion.

Il avait raison. Je parlais, je parlais mais je ne me rendais pas vraiment compte de l'importance de cette décision. Je devrait prendre des congés, laisser ma maison, mon poisson rouge et pour combien de jours, combien de temps?

- Tu as raison, lui ai-je répondu. Si tu es d'accord, je vais y réfléchir sérieusement et demain soir je te donnerai ma réponse.

- Ok, je ne t'en voudrais pas si tu as changé d'avis. Tu as déjà fait beaucoup, j'ai de nouveau le sourire grâce à toi et à tes idées folles.

- C'est toi qui a déteint sur moi.

- Je vais te laisser, j'ai une dernière journée de négociation qui m'attend. Je t'aime.

- Je t'aime aussi. Bonne journée mon chéri.

- Bonne nuit mon amour.

Nous nous sommes quittés là dessus. Même si je ne le voyais pas, je savais qu'il souriait et j'étais heureuse. Je devais lui rendre une réponse le lendemain. Si j'écoutais mon coeur, ce serait oui tout de suite et ma raison me disait que c'était une folie, une belle folie.

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