Un homme passionné, une femme déprimée
Samedi matin, je me suis réveillée à 4 heures 45, j'avais mis mon alarme pour être bien éveillée lorsque Ben m'appelerait. C'était bien la première fois que je me réveillais si tôt un samedi matin. Mais je pensais qu'avoir mon cher et tendre au téléphone en valait bien la peine. Il m'a appelé à 5 heures pile. J'ai sauté sur mon gsm.
- Bonjour mon amour !
- Bonsoir ma chérie !
- Oui, j'oubliais qu'il est 23 heures chez toi. Alors comment vas-tu ?
- Je vais bien, j'ai adoré ta vidéo, tu as bien fait de me l'envoyer, envoies-moi plein d'autres, je suis fan.
- Alors ta première journée de boulot ?
- C'était fantastique, incroyable. J'adore New-York, ici on me prend déjà pour le futur directeur d'agence, les personnes que j'ai rencontrées me traitent déjà comme tel, je suis respecté de tous. Tu ne t'imagines pas combien c'est valorisant et motivant. Si ça continue comme ça, je n'aurai plus envie de rentrer...
Quand je l'ai entendu dire ça, ça m'a fait mal comme si ça saignait à l'intérieur. Puis, pendant près d'une demi-heure, il ne m'a parlé que de New-York et de son boulot. Il était heureux, même fou de joie. J'ai cru un moment que je n'existais déjà plus pour lui jusqu'à ce qu'il me pose la question :
- Alors, tu as réfléchis à ma proposition de venir vivre ici avec moi ?
- J'y réfléchis toujours, tu veux une réponse de suite ?
- Non, y a encore le temps mais si tu es ok, ce serait bien qu'on cherche ensemble notre future appart ou notre future maison. Moi je suis fou de cette ville et je pense que tu vas aimer toi aussi. Je te vois déjà faire du shopping dans les grands magasins d'ici ou marcher dans Central Park...
Il a continué encore un moment son monologue, je me sentais comme spectatrice, étrangère. Il parlait de moi, de nous, de notre avenir mais j'étais encore loin de tout ça. Je ne pensais pas à New-York, je ne voulais pas m'imaginer vivre là-bas. J'ai essayé de changer de sujet et je lui ai demandé ce qu'il allait faire ce week-end. Il m'a dit qu'il avait sympathisé avec un jeune collaborateur, Ryan. Il allait passer son week-end avec lui à visiter des endroits VIP de New-York. Il m'a dit que c'était indispensable pour entrer en contact avec des personnes bien placées et se créer un réseau. Je l'écoutais mais je ne le reconnaissais plus. Il était à fond dans son boulot, je me sentais un peu "out". Je ne lui en voulais pas, j'aimais le savoir passionné par ce qu'il faisait, j'aimais le savoir heureux.
Avant de raccrocher, il m'a dit qu'il m'aimait et qu'il m'embrassait bien fort. Il m'aimait, je le savais mais ce jour-là, j'ai su qu'il aimait encore plus son boulot. J'ai un peu déprimé à cause de ça, je n'avais pas trop le moral. Je devais réfléchir sérieusement et rapidement à sa proposition car je craignais qu'il me le demande à chaque coup de fil.
A 38 ans, je savais que je n'aurai peut-être pas d'autre chance de trouver un homme comme lui et l'heure était venue pour moi de me caser et d'essayer de fonder une famille. Même si ça n'a jamais été un rêve en soi pour moi, il m'a toujours semblé une bonne chose d'avoir un enfant. Mais New-York me faisait peur, je ne connaissais pas cette ville et je ne parlais pas anglais couramment. Je ne savais pas ce que l'avenir me réservait, j'étais seulement sûre d'une seule chose, c'est que d'une manière ou d'une autre si je ne partais pas à New-York, j'allais perdre car ce matin-là, j'ai senti dans sa voix, dans ses mots qu'il était à New-York et qu'il y resterait avec ou sans moi.
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)